Ils étaient des centaines
Ils gisent par le fond ces condamnés à mort
Parqués dans cette cale comme étaient les esclaves
Le cœur rempli d'espoir, ils rêvaient de rivages
Où nous vivons nantis sans le moindre remord
Ils étaient des centaines agrippés à ce cotre
Entassés sur le pont, de ce maudit bateau
Hurlant leur désespoir en se jetant à l'eau
Tandis qu'en dessous d'eux, agonisaient les autres
Tournoyant, nos manèges ressassent leur rengaine
Et le bal à papa fait son plein du dimanche
Les enfants enchantés d'avoir les coudées franches
Pourlèchent à cœur joie leurs cornets à la crème
Y en a-t-il un au moins pour pleurer avec moi
Sur tous ces innocents jetés dans la tourmente
Qui rêvaient éblouis de lendemains qui chantent
Et dorment désormais dans un ventre de bois.
MAMIC